HtmlToText
voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination (l.-f. céline) j’ai blogué au canada classé dans : non classé — 25 juillet, 2012 @ 11:49 dans la vie, moi, j’aime les boîtes. les boîtes dedans lesquelles tu peux ranger plein de trucs. j’adore les boîtes, surtout celles en fer, genre usées, que ça fait des années qu’elles sont dans ta famille et que finalement tu vends sur une brocante parce que t’en as marre que ça encombre chez toi et que t’espères bien trouver un imbécile qui va payer ça 8,5 euros pour que ça encombre sa maison. en l’occurence, l’imbécile, souvent, c’est moi. j’ai des grandes, des petites, des abîmées, des neuves, des à thé, des à bonbons, des à café, des en carton, des à tabac, des de tout. j’en ai des vides, aussi, des que j’ai pas encore trouvé ce que j’allais mettre dedans, mais j’ai un adage très personnel (et assez simple) : une boîte, ça se remplit toujours. pis c’est beau (pis ça prend la poussière). quand on la remplit, une boîte, on a l’impression que ce sont des trésors, des trucs inestimables. ca, c’est le ticket de ce concert où le chanteur m’a souri, de loin, négligeant les 1250 paires d’yeux entre lui et moi. ca, c’est un trombone que j’ai trouvé dans la rue le jour où j’ai percé mes oreilles pour la première fois. ca, c’est une photo un peu ratée mais si tu plisses les yeux et prends une loupe, tu peux voir un superbe spécimen de fleur extrêmement rare dans le coin inférieur droit, pris pendant mes vacances à capri. inestimable, quoi. en fait, dans une boîte, tu mets les souvenirs que tu ne veux pas oublier. tu as trouvé ces moments beaux et importants pour ta vie. ils font partie de ton histoire et c’est donc normal que tu veuilles t’en rappeler toujours. la question est : s’ils sont si beaux et importants, ces moments, as-tu vraiment besoin d’une boîte pleine de vieux bouts de papier et de trucs rouillés pour t’en souvenir ? ca sonne comme une hérésie pour moi, cette phrase. une pensée que je n’aurais jamais osée effleurer du bout de mon esprit il y a un peu plus d’un an. la preuve en est, justement, l’amoncellement de boîtes qui m’entoure présentement. puis, je suis rentrée de montréal. définitivement (ou, en tout cas, temporairement à long terme). j’avais un an de vie là-bas dans deux gros sacs et des poussières, mais des tonnes de souvenirs en tête. je me suis posée à mon bureau. j’ai ouvert les tiroirs. j’ai trouvé des boîtes. et j’ai souri. parce que j’ai dû faire des efforts pour me rappeler les souvenirs qui se rattachaient aux objets et que, finalement, c’est pas ceux-là que j’avais à l’esprit pendant ces quelques mois. je m’en rappelais d’autres bien plus drôles, bien plus importants, bien plus émouvants, bien plus représentatifs de telle ou telle relation. tout ça pour dire quoi ? tout ça pour dire que je vais faire du tri dans mes boîtes. et, spécialement, tout ça pour dire qu’il est hors de question que je mette montréal dans une boîte. déjà, parce que je n’en ai pas d’assez grande pour contenir le mont-royal, le vieux-port ou la rue sainte-catherine. et je ne veux pas, dans quelques années, ouvrir une boîte et me demander : c’est quoi, encore, ça ? quand je ne pourrai plus me rappeler d’un endroit, d’un nom, d’une odeur, d’un goût, ou du visage d’un ami qui aura disparu de facebook, y a pas de problème : je prendrai l’avion. alors voilà, j’ai blogué au canada, pendant un an, en suivant un rythme quelque peu aléatoire, j’en conviens… mais j’ai aimé ça, partager, de temps à autres, quelques petits souvenirs avec vous au lieu de les enfermer dans des boîtes. et pis, si je me décide à continuer à écrire des phrases kilométriques et sans queue ni tête sur un autre sujet que le canada, je viendrai peut-être par ici vous le dire. en tout cas, merci à vous. vous avez été des lecteurs très attentifs. :-) et merci pour vos retours, tout au long de l’année, qui m’ont encouragée et m’ont donné l’envie de davantage continuer dans cette voie. a bientôt, tous. a bientôt, montréal. 2 commentaires -- motamo classé dans : non classé — 18 avril, 2012 @ 10:46 j’aimerais collectionner les mots. j’adore les mots. je voudrais pouvoir les ranger dans des boîtes, les classer et aller y trifouiller quand bon me semble. j’aimes les agencer les uns avec les autres, obtenir des sonorités étranges et créer des histoires en les alignant en phrases. les mots évoluent, mais les mots sont fidèles. j’ai mes mots préférés : j’aime « bonhommie », « gentilhomme », « onctuosité », « féminité ». mais malgré tout, il y a des mots qui me plaisent moins, comme « hérésie », « ordurier », « strapontin ». mais il y a pire. une abomination suprême. l’immondissime invention qui fait honte à la nature humaine. seulement deux petites lettres. des voyelles minuscules et tendres qui doivent supporter le poids de l’humiliation. juste deux lettres. pour un mot. « ou ». existe-t-il plus infâme que cette unique syllabe, a priori sans histoire et dont personne ne se méfie ? soyez vigilants, amis, car derrière cette angélique facette se cache l’enfer de l’incertitude. avec le « ou », c’est le royaume du choix qui ouvre ses portes devant nous. une multitude de possibilités et de déchirements simplement contenus dans ce « o » et ce « u » qui n’ont rien demandé à personne. combien de cheveux ont été arrachés en entendant prononcer ce mot fatidique ? combien d’expressions d’effroi sont nées sur de pauvres visages innocents ? combien de vies brisées ? et pour combien de temps encore ? ne niez pas. ne faites pas semblant. il n’y a rien de honteux à, vous aussi, subir la dicature du « ou ». nous sommes des victimes ! nous n’avons rien à nous faire pardonner ! lui seul est coupable de tous ces tourments causés à notre tranquilité et notre quiétude. notre esprit est perverti par l’agitation et le doute depuis que nous avons pris conscience de toute la force et l’absence de limites du vicieux « ou ». c’est bien à cause de lui - et de lui uniquement – que nous sommes forcés de procéder à des choix. pouah. des choix . le deuxième pire mot du dictionnaire. cette obligation de forcément renoncer à un désir, toujours aussi profond que l’autre, condamne l’humain à subir la constante menace de la fameuse épée de damoclès. de son premier à son dernier cri, depuis le lever de paupière matinal à l’extinction des lumières le soir, nous ne sommes que des machines à choix : thé ou café ? – jeans ou jupe ? – bus ou vélo ? – gauche ou droite ? – grand capuccino ou petit latté ? – poulet à 5.75$ ou steak à 6.25$ ? et encore, ça, c’est le quotidien, les trucs de base, la routine. alors, tu penses que c’est pas important. tu crois que ça ne va pas te changer la vie. tu mises sur la simplicité et choisis le petit latté. et tu rates ta vie. hypothèse : tu prends le petit latté. tu sors du café. tu retrouves ta vie, ton chum, ta job. that’s it. hypothèse 2 : tu prends le grand capuccino. ca met plus de temps. tu patientes. tu discutes avec la gentille vendeuse. dans la conversation, tu mentionnes que tu aimerais évoluer, changer de carrière. l’homme derrière toi, qui a fait le choix de 2 croissants et un moyen jus d’orange, surprend quelques bribes. justement, il cherche une nouvelle assistante de direction. vous parlez. vous sympathisez. tu fais un essai. le boulot te plait, tu plais au boulot, un nouveau chemin s’ouvre à toi. tu évolues dans ta vie, tu grandis, tu t’épanouis. tu as changé, tu largues ton chum, qui se trouve une autre blonde avec qui il part construire des orphelinats dans le tiers-monde. tu rencontres un client, qui te fait battre le coeur plus vite. vous vous revoyez, souvent, pour parler de votre dossier, de votre boulot, de votre vie. six mois plus tard, tu cours dans ses bras avec un test de grossesse positif. parce que, un jour, tu as pris un grand cappuccino alors que tu aurais pu te contenter d’un petit latté, tu as permis à des enfants du bout du monde d’avoir un toît et des parents, et te voilà la mère d’une adorable juliette. mais le pire, dans to